Total séduit avec le rachat de Maersk Oil, sans être récompensé
“Ce n’est pas trop cher. L’opération permet à Total d’acquérir des actifs dans un marché qui n’est pas encore complètement valorisé, et aide Maersk à sortir d’un actif qui n’était pas si stratégique pour ses activités”, indique Ion-Marc Valahu, gérant de fonds chez Clairinvest.
L’acquisition par Total de Maersk Oil pour 7,45 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) est globalement bien perçue par le marché, plusieurs gérants se félicitant du rachat d’un actif de qualité, même si le titre du géant pétrolier n’en profite pas lundi à la Bourse de Paris.
Total a annoncé juste avant l’ouverture des marchés européens le rachat de Maersk Oil, filiale à 100% d’A.P. Moller–Maersk, signant sa plus grosse acquisition depuis celle d’Elf Aquitaine en 2000.
L’opération va notamment permettre à la deuxième capitalisation boursière française de renforcer significativement ses réserves et d’accroître sa production en mer du Nord.
“C’est plutôt une bonne opération. Maersk Oil a la réputation d’être bien géré, c’est un des ‘top picks’ à avoir dans le secteur”, souligne Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud Asset Management, qui détient des actions Total dans ses fonds actions zone euro et France.
“L’acquisition ne remet pas en cause le dividende de Total, qui est toujours un point sensible”, observe en particulier le gérant.
“Avec des cours du pétrole durablement bas, la seule option à la portée de sociétés comme Total est de faire des acquisitions de qualité qui joueront sur son volume de production avec en même temps un bonus sur ses marges”, souligne pour sa part Grégoire Laverne, gérant actions européennes chez Roche Brune.
Le titre Total efface ses pertes en début d’après-midi et se traite à 42,68 euros (+0,07%) après être descendu à 42,28 euros dans la matinée, dans un marché parisien en léger repli.
A la Bourse de Copenhague, l’action A.P. Moller–Maersk grimpe pour sa part de 3,5%.
Les analystes de Jefferies estiment que certains investisseurs pourraient être déçus par le report du retrait de la décote sur le dividende en actions.
Total a indiqué lundi qu’il considérerait de proposer un dividende en actions sans décote après la finalisation du rachat de Maersk Oil, attendue au premier trimestre 2018.
Les analystes de Jefferies s’attendaient plutôt à ce que cette mesure soit annoncée à l’occasion de la journée investisseurs de Total prévue le 25 septembre.
Ils jugent par ailleurs que le prix payé par le groupe pétrolier est élevé, tout en reconnaissant qu’il existe des “synergies évidentes” entre le portefeuille d’activités des deux groupes.
D’autres gérants estiment au contraire raisonnable le montant de la transaction.
“Au vu de la réputation et de la très bonne gestion de Maersk Oil, et de l’effet immédiat de l’acquisition sur le cash-flow de Total, le prix paraît attractif. Maersk Oil est un actif de qualité, donc n’est pas très bon marché, mais Total n’a pas surpayé son acquisition”, estime Marco Bruzzo, pour qui le titre Total est affecté par le repli du marché dans son ensemble (-0,3% pour le CAC 40).
“Ce n’est pas trop cher. L’opération permet à Total d’acquérir des actifs dans un marché qui n’est pas encore complètement valorisé, et aide Maersk à sortir d’un actif qui n’était pas si stratégique pour ses activités”, indique Ion-Marc Valahu, gérant de fonds chez Clairinvest.
Plusieurs autres gérants soulignent par ailleurs la complémentarité géographique de Total avec Maersk Oil, notamment dans le golfe du Mexique, en Angola ou encore en Algérie, qui doit permettre de dégager des synergies supérieures à 400 millions de dollars par an.
“Grâce aux synergies prévues, l’opération va créer de la valeur assez rapidement”, observe Marco Bruzzo, chez Mirabaud Asset Management.
Dans son communiqué annonçant l’acquisition des actifs danois, Total a indiqué que la transaction aurait un “effet positif immédiat” sur son résultat net par action ainsi que sur son cash-flow par action. (Blandine Hénault, avec Sudip Kar-Gupta, édité par Dominique Rodriguez)